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Les liaisons dangereuses




(1782)
Pays d'origine: France France
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LETTRE XXX

CECILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY

   Enfin, Monsieur, je consens à vous écrire, à vous assurer de mon amitié, de mon amour, puisque, sans cela, vous seriez malheureux. Vous dites que je n'ai pas bon coeur; je vous assure bien que vous vous trompez, et j'espère qu'à présent vous n'en doutez plus. Si vous avez du chagrin de ce que je ne vous écrivais pas, croyez-vous que ça ne me faisait pas de la peine aussi? Mais c'est que, pour toute chose au monde, je ne voudrais pas faire quelque chose qui fût mal; et même je ne serais sûrement pas convenue de mon amour, si j'avais pu m'en empêcher: mais votre tristesse me faisait trop de peine. J'espère qu'à présent vous n'en aurez plus, et que nous allons être bien heureux.
   Je compte avoir le plaisir de vous voir ce soir, et que vous viendrez de bonne heure; ce ne sera jamais aussi tôt que je le désire. Maman soupe chez elle, et je crois qu'elle vous proposera d'y rester: j'espère que vous ne serez pas engagé comme avant-hier. C'était donc bien agréable, le souper où vous alliez? car vous y avez été de bien bonne heure. Mais enfin ne parlons pas de ça: à présent que vous savez que je vous aime, j'espère que vous resterez avec moi le plus que vous pourrez; car je ne suis contente que lorsque je suis avec vous, et je voudrais bien que vous fussiez tout de même.
   Je suis bien fâchée que vous êtes encore triste à présent, mais ce n'est pas ma faute. Je demanderai à jouer de la harpe aussitôt que vous serez arrivé, afin que vous ayez ma lettre tout de suite. Je ne peux mieux faire.
   Adieu, Monsieur. Je vous aime bien, de tout mon coeur; plus je vous le dis, plus je suis contente; j'espère que vous le serez aussi.
De..., ce 24 août 17**


LETTRE XXXI >